Interview d’Ambassadeur – Daniel Bellovi
février 13, 2024Interview d’Ambassadeur – Gaël Horellou
février 13, 2024Bonjour David, peux-tu nous parler de tes débuts dans la musique ?
J'ai débuté la clarinette à l'âge de 9 ans au sein d'un orchestre d'harmonie à Turin (Italie), ma ville natale. À l'époque, le maire avait décidé d'organiser des cours de musique accessibles à tous pour créer des orchestres d'harmonie dans chaque quartier de la ville, et mes parents m'ont inscrit. Au départ, je souhaitais jouer de la batterie ou du saxophone, mais le chef de l'orchestre m'a dit : "Tu as des lèvres de clarinettiste, donc ce sera la clarinette !" Je pense qu'il avait simplement besoin de clarinettistes pour compléter son effectif. Il avait vu juste ! J'aime la sonorité riche et élégante de la clarinette. Ce n'est pas pour rien que de nombreux compositeurs lui ont confié le rôle de la princesse ou du séducteur dans leurs œuvres !
Tu as collaboré avec de nombreux orchestres. Peux-tu partager avec nous l'une de tes expériences les plus mémorables ?
Il est vraiment difficile de résumer trente années de rencontres et d'expériences marquantes en quelques mots... J'ai eu la chance de rencontrer de nombreux grands artistes et de jouer dans les plus belles salles du monde, notamment avec l'Orchestre National du Capitole de Toulouse. Si je devais choisir un souvenir marquant, ce serait peut-être la création de "Quasi lento" de Bruno Mantovani sous la direction de Tugan Sokhiev. En effet, Bruno m'a dédié cette pièce qu'il a composée pour l'Orchestre du Capitole, et sa création mondiale a eu lieu à la Halle aux grains de Toulouse en 2018. Il s'agit d'une œuvre pour clarinette "obligée", un peu dans le style de l'"Après-midi d'un faune" de Claude Debussy pour la flûte. C'est une expérience unique pour tout musicien et un grand honneur d'être une source d'inspiration pour un compositeur comme Bruno Mantovani.
Dans le cadre de tes fonctions au sein de l'Orchestre National du Capitole, as-tu déjà eu l'occasion de jouer avec des chefs d'orchestre de nationalités différentes ? Y a-t-il un répertoire particulier que tu as découvert à cette occasion et qui te plaît particulièrement ?
Au sein de l'Orchestre du Capitole, nous avons la chance de pouvoir côtoyer quotidiennement tous les styles de répertoire (symphonique, opéra, ballet, etc.) avec des chefs d'orchestre de nationalités différentes. C'est toujours une expérience enrichissante d'interpréter l'opéra italien avec un chef italien ou, comme au début de ma carrière au Capitole, de jouer la musique française avec Michel Plasson. Plus récemment, j'ai eu la chance de découvrir de nombreuses œuvres russes sous la baguette de Tugan Sokhiev. Je n'ai donc pas de répertoire de prédilection et j'ai plutôt tendance à apprécier les œuvres qui sont dirigées avec enthousiasme par un chef d'orchestre passionné.
Comment décrirais-tu la vie de musicien professionnel pour les jeunes qui souhaiteraient suivre cette voie ?
Quand je repense à tout ce que j'ai eu la chance de vivre grâce à ma carrière, je ne peux qu'être heureux et comblé. J'invite tous les jeunes qui souhaitent devenir musiciens professionnels à croire en leurs capacités et à se donner les moyens de réussir. Cela passe, comme pour les sportifs de haut niveau, par une préparation très minutieuse et un projet de vie bien structuré. Il faut savoir où nous voulons aller et mettre toute notre énergie au service de cet objectif. Et ne jamais oublier de le faire avec passion !
Tu mènes également une carrière de chambriste. Comment abordes-tu la musique de chambre par rapport à l'orchestre symphonique ?
La musique de chambre est un moment d'échange idéal avec d'autres musiciens. Lorsque vous parvenez à instaurer dès les premières répétitions un climat de collaboration et de partage, cela devient tout simplement magique. C'est pour cette raison que mes meilleurs souvenirs de musique de chambre sont les concerts que j'ai réalisés avec mes amis sur des projets qui nous tenaient à cœur et sur lesquels nous avons tous travaillé ensemble.
Ton premier album "On Air" avec l'Orchestre des Parachutistes de Balma voit le jour en 2016, dans un répertoire plutôt jazz et ambiance américaine. Comment as-tu abordé ce projet et qu'est-ce qui t'as inspiré dans ce choix ?
Le premier clarinettiste qui m'a fait aimer cet instrument a été Benny Goodman. Très jeune, j'avais une très belle collection de ses enregistrements. C'était un musicien très éclectique auquel nous devons plusieurs œuvres de notre répertoire et qui a su allier le jazz et la musique classique. J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les musiciens de jazz, et lorsque l'opportunité s'est présentée d'enregistrer ce disque avec la musique des parachutistes, je me suis naturellement tourné vers ce style de répertoire. Je trouve que c'est un lien idéal entre la sonorité de la clarinette et le côté rythmique et expressif d'un orchestre d'harmonie.
En tant que professeur de clarinette, quelles valeurs cherches-tu à transmettre à tes étudiants ?
J'ai eu la chance d'avoir parmi mes professeurs Michel Lethiec, qui m'a accueilli non seulement dans sa classe à Nice, mais aussi dans sa famille, comme si j'en faisais partie. Pour moi, cela a été une grande leçon de vie qui m'a formé en tant que personne et en tant que musicien. Je ne le remercierai jamais assez. Tout comme lui, j'essaie de transmettre à mes étudiants mon amour pour la musique, la passion que nous devons mettre dans ce métier, et de ne jamais faire l'impasse sur les émotions que nous souhaitons transmettre aux auditeurs.
Nous te connaissons également une passion pour la direction d'orchestre. Depuis 2008, tu diriges l'orchestre d'harmonie de Quint-Fonsegrives. Comment arrives-tu à concilier tes rôles de musicien, de professeur et de chef d'orchestre ?
Il y a 15 ans, avec mon épouse Paola (professeur de flûte traversière), nous avons créé l'orchestre d'harmonie de Quint-Fonsegrives. Nous nous sommes rencontrés dans des harmonies en Italie et avons grandi ensemble dans ce milieu. Ce fut une expérience inoubliable. La direction de cette formation n'a rien à voir avec mon activité professionnelle. Il s'agit d'un moment de partage et de transmission avec ceux qui sont devenus au fil du temps des amis. C'est très prenant, car les rares week-ends libres que j'ai sont consacrés à cette formation, mais j'ai la chance de partager cela en famille (nous faisons tous partie de l'harmonie), et cela n'a pas de prix !
Trois questions pour les jeunes musiciens :
Quelles œuvres originales pour clarinette solo conseillerais-tu d'écouter ou de jouer ?
Je conseillerais la sonate d'Edison Denisov.
Selon toi, quelles sont les pièces incontournables pour la clarinette "orchestrale" ?
Je ne pourrais pas dresser une liste exhaustive, mais je tiens à remercier publiquement Monsieur Rachmaninov pour le solo de sa 2ème symphonie !
Quelles pièces recommanderais-tu pour découvrir le répertoire de la clarinette jazz ?
Comme moi dans ma jeunesse, je recommande d'écouter Benny Goodman ! Même si actuellement, j'apprécie énormément les voix féminines dans le jazz, comme Diana Krall, Eliane Elias et Madeleine Peyroux.
Tu nous fait l'honneur d'être Ambassadeur des anches Steuer. Comment perçois-tu ton rôle d'Ambassadeur ?
C'est pour moi un grand honneur d'être un ambassadeur des anches Steuer et je remercie sincèrement Thomas Donati et toute son équipe pour leur confiance. J'ai toujours essayé de promouvoir et de représenter les valeurs propres à la marque Steuer, qui allie l'excellence d'un produit artisanal à une technologie de pointe. Il est important à mes yeux de mettre en valeur ce savoir-faire lors de mes différentes activités, que ce soit en concert ou lors de l'enseignement. Je suis profondément convaincu qu'un produit d'une telle qualité mérite d'être connu et reconnu, et je suis très honoré de participer à cette démarche.
Pourquoi as-tu fait le choix de jouer les anches Steuer "Exclusive" et qu'aimes-tu dans leur sonorité ?
Les anches Steuer "Exclusive" me permettent d'obtenir une sonorité ronde et chaude que j'apprécie. Les attaques sont précises, et leur durée de vie est remarquable. Dans notre vie de musiciens, nous avons besoin de nous sentir en confiance avec le matériel que nous utilisons, et je dois avouer qu'avec les anches "Exclusive", je me suis immédiatement senti très à l'aise.
Quelles expériences as-tu tirées de ta visite des ateliers Steuer à Carqueiranne ?
Ma visite dans les ateliers Steuer m'a marqué à la fois par l'histoire fascinante de l'entreprise et par la compétence et la passion de l'équipe au service des musiciens. J'ai eu la chance de rencontrer des musiciens qui ont partagé avec moi leur amour pour ces petits bouts de roseaux qui vibrent avec notre souffle. Je pense que tout musicien à vent devrait avoir la chance, au moins une fois dans sa vie, de visiter ces ateliers pour se rendre compte à quel point la fabrication d'une anche est un processus complexe et extrêmement exigeant.
En dehors de la musique, trouves-tu le temps de te consacrer à d'autres passions ?
Ma plus grande passion en dehors de la musique est la cuisine, et plus particulièrement la pâtisserie. J'aime partager cela avec ma famille et mes amis, et je dois dire que si je n'avais pas eu la chance de devenir clarinettiste professionnel, j'aurais peut-être suivi la voie de la pâtisserie.